Millicent & Miranda

il n'y a pas que le diable qui s'habille en Prada

Pour une fois, Miranda avait décidée de ne pas aller à la boutique. De toute manière, elle avait des employés qui ferait très bien leur boulot. Elle pouvait bien se prendre un jour de congé. Elle n'en avait même pas pris pour son avortement. En même temps, elle se disait que si elle ne voulait pas en parler, c'est qu'elle pouvait se passer d'un jour de congé. Le but était de faire comme si de rien n'était. De continuer à vivre. Elle avait commencer son congé en passant la matinée à bosser sur ses modèles. Ouais, bon, c'était peut-être pas une façon d'avancer de s'enfermer chez elle. Mais son travail avait toujours été sa roue de secours. Elle s'y jetait dés que quelque chose était trop dur à faire. Trop dur à surmonter. C'était le meilleur moyen qu'elle avait trouvé pour occuper son esprit et ne plus avoir à réfléchir. Au moins, cette méthode avait réussi à sa carrière et à son petit magasin.Si ça lui réussissait, autant continuer dans cette voix. Mais elle n'avait pas pour autant l'intention de passer sa journée enfermée. Milli, son amie d'enfance, avait insisté pour qu'elles aillent faire un peu de shopping ensemble. Mira avait d'abord hésiter. Pas sûre que les magasins l'aident vraiment pour le moment. Mais elle avait fini par se décider quand même. Sans doute l'idée d'une nouvelle paire de chaussures qui l'avait finalement décidée. Si son travail l'aidait à ne plus réfléchir, se faire plaisir aussi. Elle avait compris qu'elle devait aussi prendre le temps de prendre soin d'elle. De penser à elle. Sinon, elle risquait encore de faire une erreur. Sinon, elle risquait de fondre en larme devant de parfaits inconnus. Elle l'avait déjà pratiquement fait. Mais ses proches ne devaient rien savoir. Et elle devait donc être parfaite pour que Millicent ne se rende pas compte de son état.

Elle ressortit de son atelier vers midi. Pas maquillé, pas coiffé et encore moins prête à sortir. Elle l'y avait été au saut du lit et ne s'était donc pas habillée. Elle prit d'abord le temps de manger. Puis s'engouffra dans sa salle de bain. Prendre soin d'elle commençait par de gestes simple. Elle prit le temps de se laver minutieusement les cheveux, leur offrant un petit soin au passage. Elle les sécha, également, avant de les brosser longuement, jusqu'à ce qu'il soit doux et brillant. Puis, elle prit le temps de se maquiller soigneusement. Elle ne l'avait pas faite depuis un moment. Ce contentant d'un trait de crayon noir sur les yeux chaque jour. Ça faisait du bien, mine de rien. Elle comptait avoir le même soin pour sa tenue. Bien que pour du shopping, elle allait certainement oublié les talons, qui lui faisaient pourtant bien de l’œil. Elle retrouvait le plaisir d'être une femme. Ça faisait tellement de bien. Elle passa un moment dans son dressing, avant de se décider pour une jupe patineuse, un pull et un collant chaud. Lorsqu'elle jeta un œil à l'heure, il était tant d'aller rejoindre Milli maintenant.

Elle était finalement en avance quand elle arriva au centre commercial. Elle fit un détour pour récupérer deux boissons chaudes, avant de se rendre dans un premier magasin. Là où elle avait rendez-vous avec son amie d'enfance. Elle avait déjà repéré une paire de bottes quand la petite brune arriva. Miranda se fendit d'un sourire en la voyant. « Salut ma partenaire de shopping. » Elle lui tendit la boisson chaude qu'elle avait pris pour elle. « Je t'ai pris un carburant. » Glissa avec un sourire avant de se pencher vers elle pour déposer un baiser sur sa joue.

Millicent & Miranda

il n'y a pas que le diable qui s'habille en Prada

Millicent était à l'heure, comme toujours. Avec un énorme sourire aux lèvres. Milli, c'était la bonne humeur incarné et c'était toujours un bonheur de passer du temps avec elle. Surtout alors que Miranda allait si mal, son amie savait lui mettre du baume au cœur. Même si elle n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans la tête de Mira. « Salut ma belle. Comment tu vas ? » Si elle était honnête, elle aurait certainement dit qu'elle était une loque humaine. Un fantôme qui fonctionnait difficilement. Pourtant, c'est un sourire ravie qu'elle montre à la brunette. « Quand il s'agit de faire flamber sa carte bleue, je vais forcément bien. » Répondre par ce genre de phrase, ça lui ressemblait bien de toute manière. Aussi loin qu'elle s'en souvenait, elle n'avait jamais répondu honnêtement à cette question. Du moins, plus depuis qu'elle connaissait Liam. Mais elle savait donner le change depuis longtemps. C'était pratiquement une deuxième nature chez elle en fait. Cachée ce qui n'allait pas. Souvent, en restant toujours occupée, en s’efforçant de penser à autre chose. Elle se dépêche donc bien vite de tendre la boisson chaude qu'elle a pris en plus à Millicent. « Oh merci beaucoup. » Elle l'imita en buvant une longue gorgée de son propre gobelet. Mais contrairement à son amie, elle ne fit pas de grimace de son côté. Elle préférait son café bien chaud. Dés qu'il refroidissait un peu, elle le trouvait totalement dégoûtant. Elle ne comptait même plus le nombre de café qu'elle jetait parce qu'elle l'oubliait quand elle était prise dans ses croquis. Son budget café était assez conséquent au final. « Alors tu t'es permise une petite journée de congé pour aujourd'hui ? Pas trop peur de laisser la boutique dans les mains de tes employés ? » Elle eut un petit rire. Millicent était une habituées de son magasin. Miranda prenait soin de la conseiller personnellement quand elle venait. Après tout, s'il fallait prendre soin des clients, il fallait encore plus le faire auprès de ses amis. Et puis Milli avait aussi droit à ses réductions personnels. Et à des petits cadeaux de temps en temps. A force Mira la connaissait, et quand elle était sure qu'un modèle allait lui plaire, il n'était pas rare qu'elle le lui offre avant même sa sortie en magasin. Elle en avait fait de même pour Owen quand elle s'était essayé à la lingerie pour homme. Un essai peu fluctuant. Elle n'en faisait que très peu maintenant. « J'ai depuis longtemps appris à déléguer. On ne peut pas être sur tout les fronts. » Dit-elle avec un petit rire. Au départ, elle avait essayé de tout faire, la vente et la création. Mais elle avait vite compris que 24 heures dans une journée n'allait pas suffire. Tout comme seulement sept jours dans une semaine ne serait jamais suffisant pour tout faire. Et si elle appréciait de pouvoir conseiller les clientes pour ses modèles, elle préférait bien davantage les créer. Déléguer la vente avait été la meilleure solution. Mais elle n'hésitait jamais à passer du côté de la boutique de temps en temps. « Mais apparemment je suis pas la seule à avoir réussi à fuir pour la journée ? » C'était rare que Millicent puisse avoir une après-midi en pleine semaine. Elle aussi bossait comme une forcenée. « Comment tu vas toi ? »

Millicent & Miranda

il n'y a pas que le diable qui s'habille en Prada

Cette distraction dans son emploi du temps était plus que bienvenue. Elle avait besoin de souffler et de voir autre chose. La déprime ce n'était bon qu'un temps et elle avait besoin de se changer les idées. Miranda savait qu'avec Millicent, elle le ferait forcément. Elle est d'ailleurs déjà de bien meilleur humeur alors qu'elle lui tend une boisson chaude et qu'elles échangent quelques mots. Mais même si c'est pour dire qu'elles ont réussi à échapper à leur boulot respectif. « Ah oui ça c'est sacrément pratique de pouvoir déléguer et c'est sûr que tu ne peux pas être sur tous les fronts et là une après-midi shopping c'était indispensable, en tout cas pour moi. » Mira n'aurait jamais pu s'en sortir sans apprendre à déléguer, elle en avait conscience. Quand au shopping... « Mon dressing me criait à corps perdus de nouveau amis dernièrement. Je suis obligée de faire du shopping. » Oui, c'était légèrement puéril de mettre la faute sur son dressing qui -sauf s'il c'était échappé du château de la bête- ne pouvait vraisemblablement pas parlé. Mais elle savait que Milli pouvait comprendre ce genre d'argument. Elle aussi devait entendre les cris d'agonies de ses placards. Toutes femmes normalement constitués devaient les entendre. « Oui je me suis aussi permise un petit congé, mais je peux te dire que ça a été très difficile. Mon patron est toujours aussi insupportable et réticent à l'idée que je puisse prendre un congé. Ca devient presque de l'esclavage ! » Miranda répondit par un sourire au rire de son amie. Elle savait ce que c'était que de passer son temps à travailler sans prendre de vacances, mais jamais aucun patron ne l'y avait forcé, elle l'avait fait pour elle. Elle ne s'en était jamais plaint et de toute manière, elle ne voyait pas trop à qui elle pouvait le faire. Se plaindre de son patron avait un côté schizophrène avec elle. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne comprenait pas ce que ses amis pouvaient endurer avec leurs boss. Elle même faisait tout pour être une patronne compréhensive et ne pas empiéter sur la vie des autres. « Il doit être incapable de faire quoi que ce soit sans toi. » Plaisanta-t-elle finalement, avant de boire une gorgée de sa boisson. « Je vais plutôt bien, si on en oublie mon patron. Mais sinon c'est toujours la même petite routine. Et toi de ton côté ? » Miranda se contenta d'un haussement des épaules. « Toujours la même routine pour moi aussi. Boulot, boulot et encore boulot. D'où le besoin de shopping viscérale. » Oui, elle oubliait pas mal de choses dans cette petite routine qu'elle décrivait. Mais encore une fois, elle avait ses secrets. Et ça devenait vraiment pesant à force. Pour la énième fois de sa vie elle se ne put que se maudire d'être tombée amoureuse de l'homme qu'il ne fallait pas.

Elles entrèrent finalement dans le centre commercial, s’arrêtant devant une des boutiques de chaussures. « On commence par celle-ci ? » « Oh que oui ! Ces bottes sont déjà à moi. » Miranda devait de toutes évidences être sur le point d'être prise d'une fièvre acheteuse. Et plus elles approchaient, plus elle voyait d'autres paires susceptibles de lui plaire. « Tu recherches quoi toi ? Des escarpins pour des nuits de folies ? Ou quelque chose de plus confortable ? » Miranda avait une théorie selon laquelle chaque chaussure avait une histoire, un but ultime pour sa vie. En même temps, elle avait la même théorie pour les vêtements et pour  la lingerie. Sans doute ce qui l'aidait à créer autant pour sa boutique.