La blonde lança un regard vers la porte d’entrée par laquelle venait de disparaître son mari. Une énième dispute, une énième crise de laquelle elle tentait de ressortir indemne mais sans réel succès. Cette situation la fatiguait, la lassait. Pourquoi continuait-elle de se battre ? Elle ne savait même plus si elle aimait son mari, il n’y avait pas d’enfant en jeu. Après tout, pourquoi continuait-elle de sauver un mariage, de ressusciter plutôt, ce couple qui n’en était plus un. Elle lança un regard à la photo de leur couple, photo qui datait d’avant leur mariage. Ils étaient tellement heureux à ce moment, rien ne comptait, ils s’aimaient, follement, vraiment. Elle soupira doucement et elle haussa les épaules, retournant dans la cuisine s’occuper des lasagnes qu’elle était en train de préparer. Une fois de plus, elle avait cuisiné trop, mais elle adorait ça et surtout ça lui permettait de se sortir un peu son mari de la tête. Elle sortit le plat du four, y jeta un œil. Le visage de Warren passa un instant dans sa tête. Elle ne l’avait pas vu depuis la dernière fois que Max avait quitté le domicile conjugal. Après qu’il l’ait frappée. Elle avait déboulé chez le jeune homme, sans réellement savoir pourquoi et elle lui avait demandé de l’emmener loin, ce qu’il avait fait sans poser de questions. Ce moment avec lui l’avait beaucoup troublée et depuis, elle évitait un peu son voisin. D’habitude, elle avait tendance à se réfugier souvent chez lui, à aller quémander son aide pour diverses choses. Depuis deux semaines, silence radio, elle se débrouillait seule, mais le blond commençait à lui manquer, il fallait l’avouer. Et c’est ce sentiment qu’elle voulait éviter. Elle jeta un coup d’œil à sa tenue et fila dans la chambre pour enfiler un sweat par-dessus son mini top en dentelle, conservant son short noir et elle retourna dans la cuisine, s’empara de son plat encore chaud et elle sortit de chez elle, se dirigeant rapidement chez le jeune homme.

Toc, toc, toc. Elle frappa quelques coups à la porte, attendit patiemment, qu’il vienne lui ouvrir. Elle espérait qu’il ne serait pas occupé, mais après tout, il avait l’habitude de la voir débarquer, peu importe l’heure. Et surtout, elle espérait qu’il n’ait pas déjà mangé, elle aurait l’air cruche sinon avec ce plat à la main. Elle se força à sourire, elle n’avait pas envie qu’il voit qu’elle avait pleuré. Encore à cause de son mari. Warren lui avait dit ce qu’il pensait de la situation et elle savait qu’il avait raison. Il fallait qu’elle se décide, partir, ou rester. Le virer, tenter de sauver son couple encore … Elle souffla doucement tandis que la porte s’ouvrait lentement.

Warren jeta un coup d’oeil à l’horloge affichée juste dans le coin supérieur droit de son ordinateur avant de pousser un soupire. Il se frotta les yeux, comprenant alors pourquoi il avait l’impression qu’ils étaient secs. Voilà maintenant trois heures qu’il n’avait fait que lire et envoyer des mails à différents contacts dans l’espoir de voir un nouveau groupe qui était présentement en studio monter sur scène sous peu. Après avoir répondu à près de cinquante e-mails, le jeune homme décida que s’en était assez pour aujourd’hui. Il avait assez travaillé et puis, s’il lisait deux lignes de plus, il avait l’impression que ses yeux allaient sortir de leurs orbites. Du coup, il rabattit l’écran de son ordinateur portable et le poussa un peu plus loin. Il se leva et s’étira un peu. Après tout, il était ankylosé après avoir passé autant de temps assis sur cette chaise qui, disons le n’était pas des plus confortables, pendant autant de temps sans bouger réellement. Il se dirigea ensuite vers san chambre, là ou il troqua ses jeans pour des shorts avec la ferme intention d’aller s’entrianer un peu. Parce qu’après tout, quoi de mieux pour s’aérer l’esprit qu’un petit jogging? Bon, il ne s’était pas vraiment entrainé depuis un long moment parce qu’il avait signé plusieurs nouveaux artistes récemment et que toute la paperasse lui demandait pas mal de temps. Et il voulait être au studio le plus souvent possible. Du coup, ça lui laissait beaucoup moins de temps pour faire des trucs plus personnels. C’est sans doute pour cette raison qu’il chercha ses chaussures de course pendant au moins cinq minutes avant de finalement les trouvées enfouies au fond de son garde-robe sous une pile de vêtements. Le lavage n’a jamais été son point fort, il faut se l’avouer. Enfin, Au moment ou il se décida à enfiler ses souliers, il entendit frapper à la porte. Il poussa un léger soupire. Pour une fois qu’il pensait à son bien-être. Une fois arrivé à la porte, il l’ouvrit pour finalement voir Janel. Il faut dire, il ne s’attendait pas à la voir. Depuis leur dernière sortie, il faut dire, elle n’était pas passée chez lui, pas une seule fois. Janel? Son ton ne cachait pas sa surprise. Il la regarda un moment, inquiet que son mari ait encore levé la main sur elle et fut soulagé de constater qu’elle ne semblait avoir aucune blessure physique. Que puis-je faire pour toi? Et c’est au moment ou il posa sa question qu’il vit le plat de lasagne qu’elle tenait. À cet instant, il se rendit compte qu’il n’avait presque pas mangé de la journée et constata l’empleur de sa faim. Si elle était là pour partager son plat avec lui, Warren ne refuserait certainement pas.

 

" Janel ? " Il ne s'attendait apparemment pas à sa visite. En même temps, comment le lui reprocher ? Elle l'avait évité depuis quelques semaines alors qu'ils se voyaient pratiquement deux fois par semaine. Elle esquissa un mince sourire tandis que le jeune homme la dévisageait, examinant, lui semblait-il son visage. Il devait déjà imaginer le pire et elle secoua un instant la tête comme pour lui dire que tout allait bien. Du moins, elle avait évité le pire encore une fois. Max était parti, plutôt que de la frapper, c'était sans doute mieux. " Salut." Il finit par esquisser un mince sourire avant de demander poliment : " Que puis-je faire pour toi ? " Elle brandit le plat de lasagnes qui laissait échapper un délicieux fumet et elle haussa les épaules : " Je me disais qu'on pourrait peut-être dîner ensemble ? Je cuisine toujours beaucoup trop. Et ... Ca faisait un petit moment que je n'étais pas passée." Elle sourit, et se mordilla doucement la lèvre : " Je ne te dérange pas, j'espère ? Je ... Je sais que j'ai pas prévenu." En même temps, Janel était loin d'être le genre de nana à prévenir, il le savait, il l'avait vécu plusieurs fois, souvent même. Sa voisine débarquait souvent à des heures imprévisibles ou pour des demandes incongrues qui l'agaçait parfois, elle s'en doutait. Elle ne savait pas vraiment comment se comporter face à lui. Leur dernière discussion, le dernier moment passé ensemble l'avait marquée. Beaucoup plus qu'elle ne voulait l'avouer. Elle n'en avait parlé qu'à Emma, sa meilleure amie de toujours, et la brune lui avait clairement conseillé de faire un peu le point dans sa vie, bien qu'elle semblait apprécier le jeune homme et le rapprochement qui avait pu se faire entre lui et la blonde. En même temps, elle avait été horrifiée d'apprendre que son couple battait de l'aile, et que pire encore, Max l'avait frappée. Elle souffla doucement, tentant de chasser tout ça de son esprit. Elle ne voulait pas se prendre la tête. Warren était son voisin, un gentil voisin, un ami peut-être, rien de plus. Il ne fallait pas qu'elle se complique davantage les choses. Surtout qu'elle se doutait qu'il devait la trouver plus chiante que séduisante. Il semblait si souvent froid, renfermé. Pas le genre de mec qui craque pour elle.  

S’il s’était attendu à recevoir la visite de Janel, Warren aurait sans doute opté pour d’autres vêtements. Se retrouver en short et en camisole blanche, presque transparente rendait ce moment, la petite visite de sa voisine, presque gênante. Enfin, aller courir dans cet accoutrement aurait sans doute du être plus gênant, considérant qu’elle l’avait vu sous ses angles, dans presque toutes les tenues, et qu’en faisant son jogging des dizaines de personnes le verraient habillé ainsi. Et puis, ce n’était pas comme s’il avait simplement une serviette autour de la taille et qu’il venait de sortir de la douche. Enfin, passons. Malgré le fait que Janel soit toujours à l’extérieur de son appartement, l’odeur de la lasagne ne tarda pas à emplir le logement de Warren. S’il avait hésité à un moment quelconque, il lui était désormais impossible de refuser l’offre. Et puis, il le savait maintenant, Janel était une très bonne cuisinière. Non, tu ne me déranges pas du tout. Pouvait-on compter ça comme un mensonge? Pas vraiment, parce qu’au fond, c’était sans doute plus sage de manger quelque chose avant de faire une quelconque activité physique plus ou moins intense. Et puis, il aimait la compagnie de la jeune femme, bien plus qu’il ne voulait se l’admettre. Surtout depuis cette soirée ou ils s’étaient évadés l’espace d’un moment. Il avait réalisé à quel point il tenait à elle, et c’était beaucoup. Sans doute trop considérant que même si son couple battait de l’aile, elle restait tout de même une femme mariée. Il ne voulait pas et ne pouvait pas s’attacher trop à elle. Pourtant, maintenant qu’elle était devant lui, après quelques semaines à ne l’avoir que croisé en sortant de son appartement, il réalisait à quel point sa présence dans sa vie était importante, à quel point il aimait être en sa compagnie. Entre. Répondit-il alors, un sourire toujours scotché aux lèvres en lui faisant signe de s’avancer. Afin le laisser la blondinette entrer, Warren fit un pas sur le côté et ferma la porte une fois que la jeune femme se trouva à l’intérieur de son domicile.   

Elle se sentait bête, vêtue de son short, face à son voisin qu’elle n’avait pas vu depuis quelques semaines. En même temps, il était lui-même vêtu d’un short. Il semblait étonné de la voir, penaude, devant son seuil, ses cheveux blonds lâchés sur ses épaules, et un sourire sur les lèvres. Elle lui demanda doucement si elle le dérangeait, se sentant peut-être de trop soudain. Après tout, ça faisait un moment qu’elle n’avait plus débarqué à l’improviste, et même si avant, ça ne l’avait gêné, cette fois, elle était mal à l’aise, en retrait. Leur dernière soirée l’avait troublée, un peu trop à son goût. Non, tu ne me déranges pas du tout. Elle sentit un soulagement l’envahir et elle lui sourit en hochant doucement la tête. Elle se sentait maintenant un peu mieux, et elle avait hâte de partager son plat de lasagnes avec lui. Surtout qu’il appréciait sa cuisine, elle le savait. Entre.. Il s’écarta et elle pénétra dans l’ appartement du jeune homme. Elle commençait à connaître les lieux maintenant, et elle se dirigea vers la cuisine où elle déposa les lasagnes sur le comptoir du bar. Elle se tourna vers Warren, un sourire aux lèvres. « Installons-nous avant que ça ne refroidisse, ça serait dommage.» Elle le laissa la rejoindre et prendre place avant de lui demander d’une voix douce : « Comment vas-tu ? » Elle s’installa à table, attendant sa réponse. Lorsqu’elle avait raconté à Emma, sa meilleure amie, la situation de son couple, ses disputes incessantes avec son mari et surtout la violence dont il avait déjà fait preuve à son égard, Emma avait été horrifiée et réagi comme Warren. Quitte-le, lui avait-elle dit d’un ton sans appel. Elle en avait d’ailleurs rajouté une couche en apprenant son rapprochement avec Warren. Pour la première fois, la blonde avait évoqué sa relation avec le jeune homme, lui expliquant les sentiments confus qu’elle avait ressenti lors de leur virée à l’extérieur de la ville. Sérénité, trouble, attirance, tout se mélangeait en elle, et soudain, elle n’avait plus envie de rentrer. Elle avait eu envie de rester là, avec lui. Ils n’avaient pas besoin de parler, elle avait l’impression qu’ils se comprenaient. Peut-être n’avait-ce été qu’une illusion qu’elle s’était imaginée. Warren lui semblait aujourd’hui aussi distant qu’à son habitude. Elle souffla doucement, elle ne savait pas ce qu’elle voulait. Elle avait passé les dernières semaines à l’éviter et elle avait presque envie maintenant de lui reprocher à lui la distance dont il faisait preuve envers elle.