QUE PENSEZ VOUS DE L'AMITIE ★ C'est juste sacré. C'est un sentiment très très fort qui pour Ashlyn est bien plus important que l'amour. Bien que dans sa vie, bon nombre de ses 'amis' sont venus à la décevoir, elle n'y prête pas de réelle importance. Car ça devise est la suivante: certaines personnes sont faites pour ne faire qu'une apparition dans votre vie, d'autres y resteront à jamais. Elle sait très bien sur qui elle peut compter et se tourne toujours vers les plus fidèles, les meilleurs des meilleurs quoi ! C'est grâce à ses amis qu'Ashlyn a pu tenir quand ça n'allait pas, quand le moral n'était plus au rendez-vous. Elle ne trahirait jamais une personne en qui elle a toute confiance et qu'elle appelle son ami. Jamais... Par contre, si vous venez à la trahir, soyez certain qu'elle ne vous accordera plus le moindre regard. VOTRE MEILLEUR SOUVENIR ★ L'année de ses onze ans. Pour son anniversaire, ses parents ont décidé de lui offrir un chat. Elle l'a tout de suite adoré. Tout le monde était réuni autour de la petite boule de poils qui avait plus l'air apeuré qu'autre chose; si au départ, il s'agissait de son chat, Ashlyn a très vite accepté de partager avec ses frères et soeurs, le chat devenant celui de toute la famille. Elle considère ce jour comme son meilleur souvenir car depuis elle ne se souvient pas d'avoir vu sa famille aussi unie et heureuse. Elle aurait tellement aimé que le temps se fige et qu'ils restent ainsi pour toujours... UNE ANECDOTE MARRANTE ★ Le jour ou elle a voulu devenir coiffeuse... L'année de ses dix ans ! Elle tenait fièrement dans sa main la paire du ciseaux qu'elle utilisait pour l'école, celle avec les dents ciselées et qui faisait de jolis bords quand on découpait une feuille de papier. Et elle plongea dans la chevelure de son frère qui fit les frais de sa 'folie' passagère. Il pleura à n'en plus pouvoir. Il avait l'air bien fin avec des cheveux bien plus court qu'avant et un style un peu crêpé. Lorsqu'il courra se réfugier dans les jupons de sa mère en hurlant que sa soeur avait été la plus méchante du monde, la femme qui les avait mis au monde observa la tête de son fils, se retint d'éclater de rire et finit par prendre un air grave, assurant que sa soeur serait gravement punie. Mais en voyant sa fille arriver avec une mine ravie, elle ne put rester sérieuse bien longtemps et éclata finalement de rire, faisant redoubler les pleurs de son fils. Ashlyn a récemment retenté l'expérience sur la frange d'une amie, lui assurant qu'elle avait pris de l'assurance en même temps que de l'âge. Verdict ? Elle n'est vraiment pas faite pour ce métier ! La frange de son amie ressortant étrangement 'taillée' en biais ! VOTRE VOISIN IDEAL ★ Une personne qui fait sa part des choses, qui est souriant quand il le faut et ne tire pas une tronche de dix pieds de long en permanence, parce que avoir en face de soi quelqu'un qui fait la gueule, c'est jamais agréable. Pas quelqu'un de très bruyant également; bon d'accord des fêtes par-ci par-là, il n'y a rien de bien méchant, Ashlyn est jeune elle aussi, c'est tout à fait compréhensible. Mais ramener douze potes à l'appartement tous les soirs ça c'est juste impossible, le bruit à se propage je vous signale ! Du moment que la personne ne la dérange pas elle ne voit pas pourquoi elle lui déclarerait la guerre. On ne peut pas être ami avec tout le monde, mais du moment que le voisin est sympathique et qu'il ne lui prend pas la tête pour un oui et pour un non, et même si ce dernier n'est pas un ami, elle ne voit pas pourquoi il ne pourrait pas être un voisin idéal ! 20 CHOSES A SAVOIR SUR TOI ★ 1: elle a la fâcheuse tendance à se mordre la lèvre inférieure lorsqu'elle se pose une question, ou qu'elle se demande si elle a pris la bonne décision; 2: elle est très maniaque. Son dressing est rangé par couleur, se qui a tendance à susciter l'incompréhension chez certaines personnes; 3: Elle déteste prendre des douches à l'eau froide ou à peine chaude. Il faut que l'eau soit bien chaude, parfois même plus que ce que la moyenne pourrait supporter; 4: le matin elle a une routine bien particulière: directement après le réveil elle boit un grand verre d'eau. Ensuite, elle va à la cuisine pour boire son thé; c'est seulement après cela que la journée peut enfin commencer; 5: Ashlyn adore le chocolat. Elle pourrait en manger des tonnes; le pire c'est qu'elle n'a jamais eu de crise de foi, arrivant peut-être à se raisonner à la dernière minute, juste avant de basculer. Elle estime qu'au moins un carré de chocolat contribue à son bonheur quotidien. Et lorsqu'il y en a plus dans le frigo, c'est le drame ! 6: la peinture et le dessin son sa passion. Elle aimerait beaucoup en faire son métier mais on lui a tellement de fois répété que cela ne mènerait à rien, qu'on ne gagnait pas sa vie en devenant artiste, qu'elle en fut traumatisé. Elle sait très bien que ses parents ne vont pas payer son école d'art et design si elle n'y était pas avec un projet concret et viable à leurs yeux. Elle garde donc secrètement cet espoir de pouvoir un jour gagner sa vie grâce à cela; 7: Ashlyn ne va jamais l'avouer mais elle n'aime pas que quelqu'un l'interpelle par son surnom. A vrai dire, elle n'aime pas son surnom. Elle 'autorise' uniquement ses amis proches à s'en servir. Bien que si quelqu'un l'appelle 'Ash' elle n'ira pas lui arracher la face à l'aide de ses ongles, non ! Elle respirera profondément ou prendra sur elle... Après tout, c'est une chose qu'elle sait très bien faire; 8: Lorsqu'elle est au téléphone elle ne peut pas rester sur place. Elle n'arrive pas à s'asseoir tranquillement dans un fauteuil et a rester sagement assise. Elle vous fera certainement trois fois le tour de son appartement, tournera autour d'une table en marquant quelques arrêts par-ci par-là; 9: Sa seconde passion est la littérature britannique. Jane Austen, Oscar Wilde, Bram Stoker, Les Sœurs Brontë et d'autres... Elle aime se perdre au fil des pages de leurs œuvres. Dans sa chambre vous trouverez donc principalement des livres venant tout droit du Royaume-Uni ; 10: Même si elle adore le chocolat, Ashlyn préfère la nourriture salée. Cela vient certainement du fait qu'étant enfant, sa mère lui préparait, pour le goûter, bien plus volontiers du sandwich avec du jambon et du fromage qu'une bonne tarte ou autre, le sandwich était bien plus rapide à faire ; 11: Elle écoute toujours de la musique lorsqu'elle se sèche les cheveux. Alors déjà que l'appareil fait du bruit, mais avec en plus ses écouteurs vissés sur ses oreilles, c'est peine perdue, n'attendait pas une réponse immédiate de sa part, d'ailleurs éviter d'attendre une réponse tout court; 12: Elle danse très souvent en faisant le ménage, prenant souvent l'aspirateur pour un micro. Elle peut très bien fredonner la musique tout en se déhanchant, la mettre depuis son ordinateur ou encore casque sur les oreilles ; 13: Elle adore être enroulée dans sa couette. C'est une mince raison qui lui fait aimer l'hiver. Ashlyn dort les trois quart du temps avec une couette, ou alors un simple drap en été. Cependant, quand la chaleur n'est plus supportable, elle baisse généralement les armes et pousse le tout; 14: Elle aime beaucoup les chats, surement lié à celui qu'elle a eu l'année de ses onze ans. Lorsqu'il est mort, elle fut très triste. Ses parents n'ont pas voulu en reprendre un. Elle sait qu'en avoir un nouveau représente des responsabilités et des dépenses supplémentaires... Pour l'instant il n'en est donc pas question; cependant elle l'envisage sérieusement lorsqu'elle aura un métier et une situation stable; 15: Elle aime acheter des chaussures, elle a un nombre incalculable de paires. Son père l'a souvent forcée à en vendre ou -si les chaussures étaient dans un très mauvais état- à en jeter; 16: Ashlyn tente de sourire le plus souvent possible. La vie n'a pas forcément été tendre dans sa jeunesse, elle estime donc qu'il est de son devoir de transmettre ce sourire qui étire très souvent ses lèvres; 17: suite à la maladie de sa mère, Ashlyn l'appelle au moins une fois par semaine. Elle est devenue assez protectrice envers celle qui lui a donné la vie; elle n'oublie que très rarement de lui téléphoner; 18: Elle ne peut pas rester enfermée plus de trois jours. Elle doit obligatoirement mettre le nez dehors à un moment donné ou à un autre. Elle avait l'habitude de quitter le bruit de New-York pendant les vacances pour se rendre à la campagne avec sa famille. C'est certainement cela qui l'influence aujourd'hui; 19: Elle n'aime pas les réveilles numériques car cela fait bien trop de lumière à côté de la tête pour dormir. Elle préfère utiliser comme réveil un à aiguilles ou encore son téléphone portable, c'est plus pratique et l'alarme est moins agressive de son point de vue; 20: Ashlyn n'est pas la personne la plus douée en informatique. Elle sait utiliser le 'montre' (comme elle s'amuse à appeler un ordinateur) de façon basique mais elle arrive à faire planter son ordinateur portable au moins deux fois par an... Heureusement qu'elle a dans ses contacts un ami informaticien

Your job's a joke, you're broke, your love life's D.O.A.

Approchez-vous, n'ayez pas peur. Entrez, venez, plus près. Encore plus près... Voilà. Que voyez-vous ? La photo de la famille parfaite vous saute aux yeux. Les parents, entourés de leurs cinq enfants, affichant tous un sourire radieux. Ils ont l'air de s'aimer d'être en parfaite harmonie. Sur cette photo, on remarque la plus grande des enfants, oui, c'est elle, Ashlyn. A l'époque elle avait douze ans; et déjà la photo de cette parfaite famille n'est que façade, foutaise. Les Holloway ont été heureux, bien entendu. Mais le temps du bonheur fut de courte durée, car rien ne tend vers la perfection à tout jamais. Les fautes ont été commises et la joie brisée.
Éloignez vous à présent. La pièce dans laquelle vous vous trouvez est un salon d'une maison de banlieue New-yorkaise. Le papier peint n'est plus à la mode et si vous regarder dans les coins au niveau du plafond, vous remarquez les coins qui commencent à se décoller qui indiquent qu'il serait grand temps de le changer. On ne fait plus d'effort pour garder une maison moderne et agréable, tout comme le couple formé par les parents Holloway. Tournez la tête et attardez vous sur le canapé en cuir près de la porte. Le cuir sombre noir et neuf indique que le père est douillet, il passe beaucoup de temps assit ici, à regarder les matchs de foot avec ses deux meilleurs amis qui habitent le quartier. La petite table basse qui porte un lourde lampe semble vieille aussi. Elle appartenait à la grand-mère d'Ashlyn. Si vous observez attentivement un lieu dans lequel vous vous trouvez, vous pouvez assez vite déterminer de l'état d'une famille. Remarquez les pilles de papiers par-ci par-là. Le cendrier qui n'a pas été vidé depuis quelques jours, la trace de la bouteille de bière sur la table basse, celle qui n'a pas été nettoyée depuis quelques semaines.
Et pourtant... La maison à l'allure typique de la maison américaine traditionnelle et si les temps ont été difficiles, il y a quand même eu des éclats de rires ici, des moments de joie et surtout des naissances.
Aujourd'hui, les Holloway ont cinq enfants, tous avec deux ans d'écart. Ils sont la plus belle chose que les parents ont pu réaliser. Ils sont la fierté de cette famille. Ils n'ont pas à souffrir des erreurs des adultes.

Si seulement...






-RORY VIENS ICI TOUT DE SUITE !

Rory, second enfant de la famille Holloway allait subir les foudres de sa mère. Sarah, maman d'actuellement quatre enfants et sur le point de donner la vie à un cinquième, se trouvait en bas de l'escalier en bois, les mains sur les hanches. Elle entendit le petit pas de son second, Rory, qui trottait d'un pas rapide pour allait directement sa mère car il savait que trainer ne ferait qu'empirer les choses. Sa petite tête blonde apparut en haut de l'escalier et il dévala les marches quatre à quatre. Il vint se planter devant Sarah et n'osa pas la regarder:

-Qu'est-ce que c'est ?

-Quoi ? arriva-t-il à articuler d'une voix anormalement haute qui traduisait une forte anxiété pour son jeune âge.
Malgré sa situation de femme enceinte, elle attrapa avec une certaine force son fils par le bras et l'emmena directement dans la cuisine. Il y trouva sa soeur Ashlyn en train de pleurer, une paire de chaussures trainant devant elle. Autour des chaussures se trouvait des taches de peinture d'une couleur jaune bien vif. Rory déglutit avec peine: il venait de comprendre; il avait fait une bêtise, et une très grosse puisque cela avait contrarié sa soeur. Du haut de ses six ans, il n'avait pas besoin d'être plus âgé pour comprendre qu'Ashlyn était légèrement privilégiée par rapport aux autres gosses de la famille. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi. Certes elle travaillait bien à l'école, certes elle se prenait déjà pour une mini-ménagère, certes elle était tout le temps dans les jupes de sa mère... Mais ça n'excusait et n'expliquait pas tout ! Rory aimait ses parents du plus profond de son coeur mais de part sa jeunesse, il avait du mal à comprendre ce comportement... Laissez tomber ! Même plus âgé, il aura toujours de mal à comprendre !
Il se dandina d'un pied sur l'autre et renifla bruyamment. Il avait repeint les chaussures de sa soeur:

-Alors ? insista Holloway mère. J'attends !

-Elles sont pas belles..., murmura-t-il.

-Pardon ?

-Elles sont pas belles ! Faut les changer pour quelles soient en or... Ash' c'est une princesse...

Ashlyn arrêta directement de pleurer et reporta son regard sur son petit frère. Elle avait de grands yeux ronds et semblait surprise.
Leur mère leva les yeux au ciel, poussa un soupir de désespoir et ne put plus longtemps crier après son fils. Elle tourna les talons en fulminant dans sa barbe.
Ashlyn s'approcha très lentement de son frère tira doucement sur la manche de son petit pull et quand se dernier leva les yeux pour la regarder tristement, elle le serra contre elle. Rory ne comprit pas tout de suite. La petite fille venait de comprendre que son frère l'aimait, elle qui jusque là le prenait pour un être braillard qui faisait tout pour la contrarier et qui lui menait la vie dure. Elle avait tout faux ! Son frère l'aimait, il la considérait comme une princesse... Après quelques minutes à rester enlacés dans la cuisine au milieu des tâches de peinture, elle le dégagea délicatement et lui sourit, dévoilant un petit trou dans sa dentition qui était dû à la perte d'une énième dent de lait:

-Si je suis un princesse, tu veux bien être un prince ?

Le visage de Rory se colora d'un léger rose et sourit à son tour. Il secoua vivement la tête et Ashlyn jura qu'elle veillerait toujours sur lui. Depuis ce jour, le frère et la soeur son extrêmement liés. Pendant de nombreuses années ils s'endormaient l'un contre l'autre et c'est leur père qui les ramenait dans leur lit respectif. Ils étaient fusionnels, ils étaient frère et soeur.




-Maman est malade...

Deux ans plus tard, année des dix ans d'Ashlyn. Voilà ce que venait de dire leur père. Tous les enfants de la famille Holloway étaient regroupé autour d'une petite table. La plus jeune était Diana, âgée de deux ans. La petite ne semblait pas comprendre la situation et c'était peut-être mieux ainsi, car après tout c'était sa naïveté qui allait la protéger de ce 'drame' familial. Rory et Ashlyn échangèrent immédiatement un regard. Ils étaient les plus âgés et commençait à comprendre certaines choses. Le visage pale de leur père, Johnathan, ne leur indiquait rien de bon. Quelques jours plus tard, Ashlyn entendit son père prononcer le mot 'cancer'. C'était l'actuelle maladie de leur mère. Le sein était touché; la tumeur n'était pas très grosse mais il fallait faire attention. Elle allait être fatiguée, très fatiguée. La famille allait devoir se serrer les coudes et porter la plus grande attention à cette femme si importante pour eux.
La maladie dura deux ans. Deux ans où Sarah n'osait pas sortir de sa chambre dans le but de ne pas donner une mauvais image à ses enfants. Elle ne voulait pas les choquer; suite aux chimiothérapies elle avait perdu ses cheveux, elle avait le teint cireux et ses yeux avaient perdu de leur éclat naturel. Elle se sentait faible, lessivée, mise au tapi à cause d'un foutu virus qui s'était logé dans son corps. Si les médecins le lui avait levé, elle devait affronter tout un tas de rayons pour ne pas récidiver. La récidive... Voilà sa plus grande peur...
Pendant ce temps là, Johnathan se battait pour payer les factures et tentait de porter sa famille à bout de bras. Il était aux petits soins avec sa femme, voulant la réconforter et l'assister le plus possible. Mais elle, elle ne cessait de se refermer sur elle même, disant que c'était son combat et qu'elle n'avait pas besoin de la pitié des autres, et encore moins de celle de son mari, celui qui la connaissait par coeur. Lui en souffrait; il aurait été capable de tout faire pour Sarah, la femme de sa vie, celle qui était sa raison de se lever tous les matins. Ils s'étaient rencontrés en dernière année à l'université. Entre eux, ça n'avait pas été le coup de foudre, mais au fond de lui, Johnathan savait que cette fille au cheveux blonds était celle qu'il lui fallait. Il l'aimait tellement...

Ashlyn comprit quelques années plus tard ce qu'était un cancer. Et si aujourd'hui sa mère va bien, elle fut extrêmement marquée par cette maladie. Si du haut de ses dix ans elle ne comprenait pas la gravité de la chose elle se rendait cependant bien compte que ça n'allait pas. Elle osait quelques fois taper discrètement à la porte de la chambre pour apporter la nourriture que sa mère touchait à peine. Avec ses enfants, sa réaction était plus calme; lorsqu'Ashlyn lui apportait à manger, elle arrivait toujours à lui sourire, même si ce dernier était forcé.
Et puis il y eut l'étape où Sarah comprit. Ce n'était pas en restant allongée dans son lit à se morfondre sur elle même qu'elle allait arriver à vaincre ce virus. Il fallait qu'elle réplique et vite, ne serait-ce que pour garder un mental d'acier.Elle recommença à s'occuper d'elle, s'habilla, se maquilla et sortit voir des amies. Elle emplissait de nouveau la maison de son rire franc que son mari aimait tant. Oui mais voilà... Son mari lui, sombrait peu à peu. Sa femme lui accordait bien moins d'attentions qu'avant. Elle le prenait à peine dans ses bras, ne lui portait plus du tout de café au lit le week-end, ne lui murmurait plus de mots d'amour à l'oreille. Elle s'occupait uniquement d'elle. Pendant quelques mois, Johnathan pensait comprendre le besoin de Sarah. Il se disait qu'elle avait besoin de cela pour aller mieux. Mais quand on leurs annonça que la maladie avait été totalement vaincue, il ne vit aucune amélioration.

Ils ne le savaient pas encore, mais ils venaient d'entamer la lente descente aux enfers de leur couple, ils allaient bientôt se retrouver sur la corde raide, ils allaient bientôt se déchirer, alors qu'il aurait été si simple de faire plus attention l'un à l'autre et de se parler...




-Mais pourquoi il a fait ça ?

C'était l'année des quinze ans d'Ahslyn. Lorsqu'elle entendit la voix tremblante de sa mère et chargée de tristesse, elle sut qu'elle allait assister à une conversation qu'elle n'aurait jamais dû 'intercepter'. Sa conscience lui souffla deux choix; le premier fut le suivant: cela n'était pas ses affaires et elle n'avait plus qu'à monter silencieusement les escaliers pour rejoindre sa chambre; le second était guidé par l'amour qu'Ashlyn vouait à sa mère: il lui disait de rester derrière la porte et de rester quelques minutes pour tenter de comprendre. Automatiquement, la jeune fille se mordit la lèvre inférieure. Elle ferma les yeux très fort, comme si ce geste allait l'aider à prendre la bonne décision. Et puis mince ! Il s'agissait de sa mère, elle devait savoir. Elle décida donc de se tapir derrière la porte et de tendre l'oreille. Elle perçu sa mère qui reniflait bruyamment au téléphone, elle se moucha même à deux reprise:

-Dis moi, hein ! Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?! Il n'avait pas le droit d'aller voir cette pouff blonde hyper maquillée ! Merde quoi, c'est mon mari !

Quand Ashlyn se rendit compte de quoi il était question ses yeux s'agrandirent et elle stoppa sa respiration. Le temps fut comme suspendu pendant quelques secondes. Son père trompait sa mère. Voilà la triste réalité. D'un seul coup, la jeune fille se repassa le quotidien de sa famille, elle voulait découvrir ce qui n'allait pas, ce qui avait pu inciter son père à aller voir ailleurs, ce qui avait pu rendre une autre femme que sa mère plus désirable à ses yeux. Elle n'y arrivait pas... Les larmes finirent par couler lentement sur les joues d'Ashlyn et elle comprit la détresse de sa mère. A partir de maintenant, plus rien ne serait jamais comme avant. Elle eut la tête qui tourne, elle avait besoin de s'asseoir. Elle devait regagner sa chambre au plus vite; elle n'entendit pas sa mère qui informa l'inconnu au bout du fil qu'elle devait raccrocher et quand Ashlyn fit un pas, le parquet craqua. Elle se figea sur place quand elle entendit la porte du salon s'ouvrir à la volée et perçut le regard inquisiteur de Sarah qui courait le long de son dos. La jeune fille se retourna et cette fois, se laissa aller aux larmes. Elle alla prendre sa mère dans ses bras et cette dernière ne la rejeta pas. Elles retournèrent au salon; Sarah voulut savoir ce qu'Ashlyn avait entendu:

-Pas grand chose maman... Mais assez pour comprendre la situation...

Alors que la fille réussit à tarir ses larmes, la mère n'y parvint pas. Elle enfouit son visage dans le cou de son ainée alors qu'Ashlyn sentait le larmes qui venaient se perdre le long de son buste. Elle caressa pendant un moment incertain les cheveux de sa mère et la seule et unique chose qu'elle arrivait à lui dire était:

-Je suis désolée...

Depuis ce moment là, rien ne fut plus jamais comme avant. La guerre froide était déclarée entre les parents d'Ashlyn et même si les enfants ne subissaient pas les différentes 'batailles' entre les deux car ils voulaient épargner leurs rejetons, les gosses n'étaient pas dans une position des plus délicates.
Ashlyn, elle, se réfugia dans la peinture. Ses toiles furent assez sombres au départ, elle n'arrivait pas à accepter les différents de ses parents. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi ils restaient encore ensembles alors qu'ils se rendaient la vie impossible. Elle pleurait souvent et parlait peu, elle ne se confiait même plus à son frère Rory. Parfois ce dernier passait toquer à la porte de la chambre de sa sœur et il la retrouvait recroquevillée sur son lit. Il n'attendait aucune réponse de sa part, il entrait directement et venait l'entourer de ses bras. Il était peut-être plus jeune qu'elle mais il remplissait à la perfection le rôle du grand frère protecteur.





-Ashlyn, tu as terminé ta valise ? Tu pars demain je te signale !

La jeune fille leva les yeux au ciel et un grand sourire étira ses lèvres. Elle avait vingt et un ans et allait enfin prendre son envol. Phoenix sera sa ville salvatrice, celle qui allait lui faire retrouver pleinement le sourire, la ville qui lui permettrait de respirer à nouveau. Elle respira à fond, demain était le grand départ. Elle souleva avec difficulté sa valise qui était remplie à craquer; elle croisa son frère dans le couloir qui secoua la tête, un air désespéré sur le visage:

-Toujours aussi têtue toi !

Ashlyn haussa les épaules et alla ébouriffer les cheveux de Rory. Il lui attrapa la valise des mains et descendit les escaliers sans le moindre problème. Elle observa sa musculature qui roulait doucement sous l'effort. Ce qu'il avait changé ! Elle n'en revenait pas. Il avait pour habitude, vers ses douze ans, à être un garçon solitaire et renfermé, trouvant une complice en Ashlyn mais n'était pas connu pour ses nombreux amis. Il était de petite taille, et peu sûr de lui. Mais lors de ses quatorze ans, il avait grandi d'un seul coup et s'était mis à la muscu. Aujourd'hui il était un jeune homme de vingt ans, assez convoité par la gente féminine. Ashlyn sourit quand elle se souvient du jour où il avait ramené sa première copine à la maison. Il était assez gêné mais avait poussé un soupir de soulagement en voyant que sa soeur et elle s'entendaient bien.
Elle descendit dans le salon et trouva sa famille attablée. Son père et sa mère avaient beau avoir divorcé, ils s'étaient réunis pour son départ, et ça, Ashlyn devait bien avouer que ça lui faisait chaud au coeur. Au début, elle en avait voulu à Johnathan; elle lui en avait voulu d'avoir trompé sa mère, d'être parti pour aller avec l'autre. Mais elle avait fini par comprendre que cela n'était pas ses affaires et qu'il restait son père, son père adoré. Elle sourit et alla le serrer contre elle:

-Je suis content de te voir ma puce, lui murmura-t-il à l'oreille.

Elle le serra plus fort, comme pour lui signaler qu'elle l'était tout autant. Avec son père, ils parlaient peu, mais ils avaient la faculté de pouvoir se comprendre en se lançant un seul regard.
Toute la famille était réunie autour de la table de la salle à manger. Ils faisaient cela pour elle, car elle ne savait encore quand elle pourrait revenir pour les voir de nouveau. Pheonix allait lui prendre beaucoup de temps, elle irait dans une école d'art que ses parents avaient gracieusement accepté de financer. Par contre, c'était à elle de se débrouiller côté logement. Ce soir là, chez les Holloway, si on tendait l'oreille alors qu'on s'approchait de la clôture blanche qui délimitait leur parcelle de terrain, on pouvait entendre des éclats de rire, une chose qui n'était pas arrivée depuis longtemps. Tout ce déroula sans drame. Et pour la première fois depuis quelques temps, les lèvres rosies d'Ashlyn s'étirèrent en un sourire honnête et franc.




-Alors, tu es bien installée ma chérie ? Il est comment ton colocataire ?


Ashlyn était calée dans un des fauteuils du salon, les jambes repliées sous son fessier, une tasse de thé dans la main, son téléphone portable dans l'autre. Cela faisait maintenant un mois qu'elle avait emménagé dans un appartement qui était assez bien situé par rapport à son école d'art. Elle était en ce moment même en communication avec sa mère, un peu trop curieuse au goût de la jeune fille. Ashlyn ne pouvait plus supporter les neuf mètres carrés de sa chambre étudiante, elle étouffait et n'avait jamais assez d'espace pour peindre correctement. Elle avait donc décidé d'envoyer chier le système administratif pour trouver un appartement digne de ce nom. Et surtout, elle avait privilégié la colocation à cause du loyer divisé par deux, argument non négligeable ! Elle avait très vite trouvé une petite annonce et avait machinalement composé le numéro de portable qui était inscrit. Une voix masculine avait décrochée, ils avaient convenu d'une visite et elle n'avait pas hésité... Une opportunité comme celle-ci, on ne crachait pas dessus !
Elle décida de se concentrer sur les questions posées par sa mère en fixant le liquide qui se trouvait dans sa tasse. Elle souffla patiemment dessus et commença:

-Super maman, ne t'en fais pas ! J'ai quasiment défait tous mes cartons, il ne m'en reste plus que deux qui doivent trainer dans un coin de ma cambre et...

Sa mère la coupa rapidement pour s'exclamer:

-Encore !! Voilà qui ne te ressemble pas ma chérie, tu n'as jamais été une personne désordonnée enfin ! Bref, je ne suis pas là pour te faire la morale ! Parle moi de ton colocataire !

Sean... Ashlyn se mordit la lèvre inférieure, renifla doucement, se dandina sur le fauteuil comme pour libérer ses jambes qui commençaient à se faire lourdes.
Il était 20H30 passé, et c'est justement à ce moment là que Sean choisit de passer devant elle, se rendit jusqu'à la porte, attrapa un sac de sport, se tourna vers elle -remarquant qu'elle était au téléphone- et lui adressa un signe de la main qui voulait dire 'à plus tard'. Sean allait bosser, le soir et rentrait tard. Ashlyn ne lui avait jamais posé de question quant à ce second job, elle considérait qu'il faisait ce qu'il voulait tant qu'il payait la facture à la fin du mois. Elle s'attarda un instant sur la contemplation de ses formes et, la bouche pâteuse, répondit à sa mère:

-Il est sympa, gentils, pas contraignant, j'veux dire par là qu'il est pas un colocataire très embêtant, ce serait même moi la casse pieds de service ! Il est drôle à certains moments et il est s...

*Sexy*, pensa-t-elle. Elle s'étrangla avec son thé et en colla la moitié sur son tee-shirt. Merde ! Elle jeta un rapide coup d'oeil vers la porte: le sac de sport n'était plus là, Sean était entre temps, sorti. Elle se sentit un brin soulagée et elle entendit la voix de Sarah à l'autre bout du fil:

-Tout va bien mon coeur ?

-Oui... Oui maman, c'est mon thé, il était un petit peu trop chaud, j'ai été surprise.

-Aaaah ! Et donc tu disais ?

-Oui... Il est... Sympa !

-Tu l'as déjà dis ça...

-Baaah c'est parce qu'il est très sympa !

-Tu m'en diras tant...

Ainsi se déroulaient les conversations téléphoniques entre Ashlyn et sa mère. Énervée par sa pensée, la jeune fille prétexta un devoir urgent à rendre qu'elle avait oublié pour raccrocher. Elle se rendit d'un pas lent à la cuisine, posa sa tasse dans l'évier et l'emplie d'eau. Elle observa un instant l'eau qui s'écoula du robinet puis ferma les yeux et secoua vivement la tête. Elle alla jusqu'à sa chambre, referma la porte d'un geste vif et appuya la tête contre le panneau de bois. Aujourd'hui, elle se coucherais plus tôt que prévu !

hors-jeu: